M. se réveille, elle prend quelques instants pour se souvenir où elle est, ce n’est pas chez elle. Ça y est elle se remémore, éprouve un soulagement, et l’instant d’après l’angoisse tenaille son ventre. Elle ne pensait pas un jour faire un séjour à l’hôpital psychiatrique, elle croyait que c’était pour les fous, pour les autres. Mais finalement elle s’étonne de s’y plaire, extraite enfin du monde, comme l’espoir d’y avoir laissé un peu de ses souffrances là bas. Sa chambre est petite, les murs blancs et nus la rassurent, elle entend quelques bruits de pas et de portes au loin, rien de la rumeur de sa ville. Dehors, à travers ses fenêtres, derrière l’arbre, elle aperçoit une forme, cela l’intrigue. Elle a l’impression de voir des grandes ailes d’oiseaux prêtes à s’envoler. L’image des raies vues à Nausicaa revient devant ses yeux. Ça lui paraît si loin, c’était avant, presque une autre vie. Elle aimerait aller voir de plus près – mais pourquoi sortir puisque je ne fume pas ? Les fleurs, la lumière l’appellent. Elle se dit que ça fait 3 jours qu’elle n’est pas sortie, peut être qu’elle pourrait essayer, au pire elle fera comme si elle avait oublié quelque chose et reviendra dans sa chambre. Elle sait bien que les soignants seraient contents de cette aventure, mais elle se demande tout de même s’ils n’ont pas hâte qu’elle s’en aille pour lui prendre sa chambre. Elle prie – pourtant je ne crois en rien – pour ne croiser personne dans les couloirs, surtout pas les autres, ça ressemble à quoi des fous ? – À moi ? Elle s’arme de courage et sort. Elle traverse le couloir, une blouse blanche va à sa rencontre – j’aimerais sortir – l’infirmier déverrouille la porte du service, elle entend le tour de clefs derrière elle – je n’aurais pas dû. Sur sa lancée, elle sort. Dehors la brise caresse sa peau, elle frissonne. Elle suit un chemin dessiné à travers de hautes herbes pleines de fleurs. Plus elle s’approche, plus la forme révèle sa majestuosité. Elle aperçoit dessous des assises, ça devient son objectif, s’y asseoir. Bien que le chemin soit difficile, elle ne pense plus à revenir en arrière. Elle se dit qu’en dessous elle sera protégé de ces ailes géantes. Comme les œufs couvés dans un nid. Elle y arrive enfin, se laisse tomber sur le banc, et prend une grande inspiration. Ouf. Un souvenir jaillit, elle a huit ans et joue dans la cabane d’un été de son enfance. Au loin, un enfant arrive en courant. Elle envie sa légèreté, rien ne semble encore lui peser. Mais elle ne veut pas de lui à ses côtés – va t’en. Il court dans les herbes folles, il semble ne pas la voir, il tourne autour de la structure, et repart disparaître dans les herbes. 

Equipe :
FACE B architectes
Justine Pluvinage Artiste
Edwood Construction bois